Depuis plusieurs années, les colonnes des journaux, des magazines et les réseaux sociaux abordent les mérites et bienfaits de la sophrologie. Ceux qui n’auraient jamais pratiqué ou vécu une séance pourraient pourtant s’avouer perplexes. Que penser d’une méthode présentée comme aussi fédératrice que les albums de Tintin, en accompagnant les enfants jusqu’aux seniors ? Comment croire une méthode qui se voudrait efficace dans des domaines aussi variés que l’accompagnement d’un malade, la gestion d’un stress chronique, le dépassement d’une phobie ou la stimulation de la créativité ?
Technique passe-partout ou réellement efficace, tentons de lever le voile sur une méthode dont le nom est certes désormais connu mais dont les tenants et les aboutissants restent encore trop souvent flous.
Etre capable d’entendre et de comprendre
Pratiquer la sophrologie n’implique, en effet, qu’une seule et unique chose : entendre et comprendre ce qui est énoncé lors de la séance. Par conséquent, si la langue est commune et que les facultés d’écoute et de compréhension sont acquises et non dégradées, tout le monde peut utiliser la sophrologie, quel que soit son âge. Le discours, les intentions des exercices et la durée des séances sont bien sûr modulés en fonction du public. Un enfant n’aura pas le même type de séance qu’un adulte et encore moins qu’une personne hospitalisée ou en maison de retraite.
Pour bien comprendre l’approche de la sophrologie, retenons que le temps pratique d’une séance se décompose en deux phases distinctes. On démarre par un enchaînement de mouvements doux combinés à un travail respiratoire, appelé relaxation dynamique. Ces exercices très simples, largement inspirés du yoga, se pratiquent, en général, debout. En fonction de la mobilité et de la capacité de la personne, ils peuvent bien évidemment être adaptés pour être exécutés en position assise ou allongée. La phase de visualisation, appelée en sophrologie, sophronisation, suit cette étape de relaxation dynamique. Là encore, le sophrologue reste dans ce principe d’adaptation et de personnalisation en utilisant lors des visualisations des ressources, des souvenirs et des images positives évoqués par la personne en amont de la séance.
La méthode est donc souple et mouvante pour répondre aux contraintes et aux attentes thérapeutiques de la personne.
L’alliance du corps et du mental
Par ailleurs, la sophrologie est une technique dite psycho-corporelle, c’est-à-dire qu’elle fait appel autant au corps qu’au mental. C’est là un vrai point de différenciation avec les autres techniques thérapeutiques qui n’utilisent ou n’impactent que l’un ou l’autre. La sophrologie, elle, réunit les deux.
Qui n’a jamais eu les mâchoires crispées ou les trapèzes tendus à l’approche d’un événement stressant ? Un dos bloqué à la suite d’une contrariété ou d’une surcharge émotionnelle ( l’expression « en avoir plein le dos » prend d’ailleurs ici tout son sens) ? Les exemples sont suffisamment nombreux pour souligner que les symptômes ou les réactions corporelles sont souvent à mettre en connexion avec une détresse ou une faiblesse psychologique.
En médecine, l’impact du mental sur le corps a été observé à plusieurs reprises. L’effet placebo n’est aujourd’hui plus discutable. Un grand nombre de cohortes ont, en effet, démontré qu’un groupe d’individus qui pense tester la bonne molécule obtient des résultats tout aussi convaincants que celui qui l’a réellement reçue.
Les exemples de la vie quotidienne sont eux aussi légion. Dire à un enfant « Attention, tu vas tomber« , (ce que font beaucoup de parents), entraîne bien souvent la chute de l’enfant. Par cette injonction, le cerveau de l’enfant s’auto-conditionne à tomber, recevant à la fois l’expression de l’angoisse de ses parents et une formulation traduite par l’enfant comme vérité absolue.
Même si le facteur psychologique n’est pas la cause de tous les maux, ils ont souvent pour corollaires le stress ou l’anxiété d’anticipation. S’enclenche alors une somatisation vécue consciemment ou inconsciemment. Le mental s’emballe entraînant le corps dans sa course ou inversement.
La sophrologie étant fondée sur cette approche psycho-corporelle, elle peut, de ce fait, être bénéfique pour une large palette de thématiques où le corps et le mental sont reliés. On peut donc autant accompagner un malade à booster son système immunitaire pour lutter contre les effets nocifs d’un traitement que favoriser le relâchement d’une personne soumise à un stress chronique en libérerant ses tensions physiques, psychiques et émotionnelles.
Une diversité originelle et originale
Pour comprendre enfin pourquoi les champs d’application de la sophrologie sont aussi larges, il suffit de revenir sur les sources mêmes d’inspiration de la technique. Celle-ci est en effet plurielle dès son origine : une sorte de savant mélange entre techniques occidentales et orientales.
On y retrouve autant les principes de l’auto-suggestion positive initiées par Emile Coué, de la méthode Vittoz, de l’hypnose, du Training Autogène de Schultz, la Relaxation progressive de Jacobson pour l’Occident, que le yoga, la méditation ou des courants comme le bouddhisme pour l’Orient. Chacune de ces techniques met en avant une approche plus corporelle ou mentale. Leur combinaison permet de répondre aujourd’hui aux attentes de tout à chacun.
Sans affirmer ou marteler l’universalité de la méthode, la sophrologie reste accessible au plus grand nombre, dans la mesure où le sophrologue, lui-même, par déontologie est soumis à un principe d’adaptabilité pour mieux répondre aux attentes et besoins de la personne qu’il accompagne. Efficace donc, car aussi sur-mesure !
La meilleure façon de s’en convaincre reste quand même d’en faire sa propre expérience.